Vivre dans le périurbain
« Un journal hebdomadaire de la capitale a consacré un article qui se référait explicitement au monde périurbain de ce pays en relevant sa « mocheté » (Télérema n° 3135). Nous avons compris, bien sûr, que l’usage de l’adjectif « moche » renvoyait, pour ce journal humaniste, à une provocation destinée à remuer les consciences assoupies, trop habituées à vivre au milieu de ces enseignes publicitaires, bâtiments commerciaux informes, couleurs criardes, ronds-points, hypermarchés, etc. Mais nous avons aussi été troublés par ce jugement de classe qui faisait de notre zone périurbaine un monde évaluable à la seule mesure esthétique de leur monde à eux. Qui sont-ils ces journalistes centralisés pour décréter la laideur de notre périurbanité ?Qui sont-ils pour porter ce jugement qui, en suggérant de raser notre cadre de vie pour reconstruire je ne sais quel Eden, le rend indigne d’être étudié comme une tribu amozonienne ou une secte dangereuse ? »
Cet extrait est tiré d’un petit livre (un tout petit livre qui se lit en moins d’une heure) écrit par le journaliste Eric Chauvier. En réaction à un article paru dans Télérama, il a consigné ses impressions de sa vie périurbaine au travers de quelques mots-clefs décrivant les évènements de son quartier. Sur un ton littéraire et philosophique, il nous propose un point de vue de l’intérieur, de ces quartiers que l’on se plaît à décrier.